Planté dans la garrigue odorante, Fontvieille a gardé son caractère provençal avec ses maisons à tonnelles, ses vieux puits et son église flanquée d’un campanile. Alentour, le paysage lyrique environnant, inondé de soleil, a enflammé l’âme du poète, qui passe pour un enfant du pays, alors qu’il est natif de Nîmes.
En lisant ses fameuses « Lettres », écrites depuis son appartement de Clamart, dans la banlieue parisienne, chacun est tenté de croire qu’Alphonse Daudet était propriétaire du moulin qui porte son nom. Ne vous y trompez pas; bien que l’on y ait rassemblé manuscrits, épreuves d’imprimerie corrigées à la main, photos, portraits et autres souvenirs, il n’a jamais possédé, ni même habité ce moulin, dressé sur une colline boisée, « où les lapins blancs s’assoient en rond sous les étoiles ».
Ses amis le lui ont offert à titre posthume.
Outre son mécanisme en bon état, l’ancien moulin Saint-Pierre montre en contrebas une salle « voûtée comme un réfectoire de couvent », pareille à celle décrite dans le chapitre « installation ».
De santé fragile, Alphonse Daudet venait fréquemment en vacances, chez les Ambroy, qui habitaient à Fontvieille le château de Montauban, « une originale et vieille demeure qui commence en château, large perron, terrasse italienne, et se termine en murailles de mas campagnard ». Il accueille cet été une exposition sur les traditions provençales, où Daudet est à l’honneur.
« Que de fois je suis venu là, me reprendre à la nature, me guérir de Paris et de ses fièvres aux saines émanations des collines provençales! ». Il aimait rêver dans ce décor champêtre entre chênes verts et pins pignons, et s’enivrer des senteurs de thym et de lavande sauvage. « Les embrassades finies, ma malle dans la chambre, je montais à mon moulin ». Tout près, s’élevait le cabanon d’un berger, Jean Seguin. C’est en voyant son troupeau paître sur la colline, que Daudet a inventé l’imprudente Blanquette.
Du moulin de Daudet au château de Montauban, le chemin bordé de murettes de pierre, de tranchées creusées dans les rochers, ombragé de pins, passe à proximité du moulin Ramet et du moulin Tisso-Avon. On peut ensuite suivre le sentier qui se poursuit jusqu’au village.
La balade se prolonge jusqu’à la Tour des Abbés, puis revient jusqu’au moulin. Compter environ deux heures pour cette découverte ludique ponctuée de détails pittoresques, de sculptures, de puits, scandée par une trentaine de stations faites d’images et de textes. Une belle balade pour sentir vibrer l’âme du poète.