En VTT, le tour de l’étang de Vaccarès, en Camargue, est un must de la randonnée. En deux jours, tout l’écosystème du delta est livré en pâture au promeneur. Une balade magique au cœur des Bouches du Rhône.
Pas besoin d’être un as de la pédale pour entreprendre ce circuit. Avec un dénivelé proche de zéro et des chemins carrossables, l’itinéraire est à la portée de tous, à condition de respecter deux règles de base : faire étape au terme des premiers quarante kilomètres et s’assurer que le vent – mistral ou du sud – ne se lève pas durant le périple, au risque de transformer le parcours en épreuve de force insurmontable.
Ces précautions prises, place à la découverte ! Elle commence sitôt quitté les Saintes-Maries-de-la-Mer. En longeant les eaux saumâtres de l’étang de l’Impérial, la platitude camarguaise livre alors son atmosphère de monde suspendu, émaillée des bruits de l’avifaune et du frémissement de l’air iodé dans les roseaux. Plus loin, le long chemin entre Cacharel et Méjanes pénètre les rives de Vaccarès : aigrettes et canards donnent du gosier, tandis qu’un pêcheur solitaire relève ses filets, poussant sa barque debout dans les eaux basses de l’étang.
De Méjanes à Villeneuve, la route au trafic modeste livre un autre paysage. Celui des « hautes » terres vouées à la riziculture et aux mas opulents, comme Cabassolle. Ensuite, cap au sud, de Villeneuve à Salin-de-Giraud, pour un nouveau corps à corps avec le Vaccarès. Depuis les fossés humides qui bordent son rivage, on entend les plongeons craintifs des ragondins, surpris dans leurs occupations prédatrices. À la Capelière et à Salin-de-Badon, d’autres observateurs sont à l’écoute : les scientifiques de la Réserve Nationale de Camargue. Deux sites naturalistes à visiter absolument, pour tout comprendre de l’écosystème camarguais.
Après Salin-de-Badon, l’itinéraire quitte l’univers des étangs pour traverser hameaux et propriétés : l’occasion d’apercevoir chevaux et taureaux camarguais, le blanc et le noir favori du delta. Ambiance très différente à Salin-de-Giraud : cette cité ouvrière aligne ses maisons comme dans un coron du Nord et marque la fin de l’étape, avant une nuit réparatrice.
Le lendemain, la trentaine de kilomètres à parcourir jusqu’aux Saintes, dans un espace infini entre mer et étangs, est de toute beauté. Perte de repères assurée, avec l’horizontalité perturbée par l’envol fuchsia de flamants roses, quittant leur havre de l’îlot du Fangassier. L’apparition du phare de la Gacholle, au loin, rassure. Malgré la fatigue, voilà au moins un cap qui se rapproche ! De là, ne reste plus qu’à rallier l’église fortifiée des Saintes, par 12 km de digue à la mer fragilement posée entre deux eaux…